Ni oui, Ni non.
02/02/2025

Un « je » vieux comme le monde.
Nous connaissons, tous et toutes, ce jeu qui a traversé les générations et qui daterait même de la préhistoire. Selon desencyclopedie.org, « …à l’époque, le langage n’était composé que de deux mots : oui et non. Le Ni oui ni non fonctionnait donc sur le même principe que Le premier qui parle a perdu ». Assez basique, n’est-ce pas ?
Autant vous dire que les soirées pyjamas en peau de bête, à bouloter de la myrtille sauvage tout en jouant au Ni oui ni non, version 1.0, sont surement gravées aujourd’hui, et sans doute à jamais, sur les parois humides des grottes les plus en vogue.
Je pourrais évidement m’éterniser sur les origines de ce jeu et partir sur une analyse fine de ses règles mais non…ah mince…j’ai perdu !!!!
En fait, j’ai plutôt envie de partager avec vous ce que m’inspirent les impacts qu’auraient le « oui » et le « non » dans notre vie et les possibles influences que ces deux petits mots peuvent avoir sur l’accueil, la perception mais aussi la création, pour chacun de nous, de ce que nous appellerons ici, la réalité.
Vous trouverez, à la fin de cette inspiration et de ses perspectives, un exercice méditatif, comme une invitation à se déposer en ce qui est.
Nan !
Nul besoin d’être entourés d’enfants, la mémoire suffisant largement, pour convenir, qu’après (dans le désordre), « papa », « maman », « pipi » et « caca », le « non » ouvertement verbalisé, lorsque nous portions si élégamment la couche culotte, prenait la quasi-totalité de notre temps de parole. C’est donc entre 18 mois et 2 ans que, durant cette période naturelle du développement dite « phase d’opposition », le non s’installe confortablement dans la vie de ces chers petits êtres, au visage barbouillé de gâteaux à la cuillère, nommés « enfants ».
C’est alors que, pour l’habillement, le bain, le coucher, le repas ou le bisou à mamie, nous sommes tous et toutes passés par là et cette phase du développement est évidement reliée au processus d’individuation qui, en faveur de la construction d’un « moi » sans compromis, renforce le sentiment de séparation (encore lui ?...CF texte du 25/01/25 qui traite des attachements).
Ce « non !», « no !», « ne !» ou « nein !», peu importe de quel côté irait se coucher le soleil, indiquent donc tous, internationalement, que l’on n’est pas d’accord…oooooh ça non !
(ah !, encore perdu…pffff !).
Le non qui me fait croire que je suis.
Si cette phase importante de notre développement psychique est incontournable voire saine, et sensée ne concerner que notre petite enfance, avec un poil d’honnêteté, nous pouvons aisément avouer que ce « non », d’affirmation du « moi », est régulièrement dégainé à la moindre occasion, durant toute notre vie d’être humain.
J’ai souvent observé, pour l’avoir moi-même pratiqué, des « non », sortis de nulle part, certes pour des choses de la vie qui peuvent paraître anodines mais qui manifestent, si clairement parfois, une volonté cachée d’affirmer, de manière plus ou moins dissimulée, ce « moi » vu plus haut.
Ex :
« Tu veux un coup de main ? » ; « non, ça va aller, merci »
« Je te dépose à la gare ? » ; « non, je me débrouille, merci »
« Oh nooooooon, il pleut !!!! »
Bien entendu, les raisons qui motivent ces refus peuvent être multiples voire justifiés mais je suis convaincu que vous avez, vous aussi, plusieurs fois observé, au-delà d’une préférence ou d’une volonté de ne pas déranger, l’expression d’un positionnement ayant pour unique but de nourrir un égo assoiffé d’existence. (j’avoue ça m’arrive encore…).
Identifiés à ce « moi », cet individu si particulier, et afin de préserver une distinction vitale chère à l’égo, au travers de cette négation plus ou moins constante, nous sommes en relation dynamique avec la vie, les autres, le monde et nous-mêmes.
Lorsque je dis « non », je manifeste mon désaccord, ma non-adhésion, je me positionne dans le monde, me désolidarise de ce qui est, et bien entendu, c’est souvent justifié…ou pas d’ailleurs.
Par contre lors d’un « oui » assumé, je me positionne aussi mais ici, me relie, rejoins et m’unis à ce qui est.
Et dans le corps, c’est comment ?
Inutile de vous faire une démonstration, à base de cascades impressionnantes sur une musique de Jean Michel Jarre, pour vous convaincre qu’une grande majorité de « oui » et de « non » peuvent s’exprimer jusque dans le corps. Pas plus tard que ce matin, j’ai pu l’observer chez mon fils (ma bataille !) qui refusant, pour des raisons jusque-là mystérieuses, de faire ses devoirs, s’est crispé et fermé comme une huître manifestant un magnifique « non !!! » catégorique. Je l’ai donc accompagné dans l’observation de ce qu’il ressentait en lui proposant de voir ce qu’il se passerait si cette négation existentielle se transformait en « oui ». Le corps s’est alors doucement détendu et le mental n’a pu faire autrement que de constater que c’était bien plus agréable, ce que mon fils a pu formuler par lui-même plus tard…et bim !, on a pu finir les devoirs calmement voire même avec plaisir. Nous verrons dans un petit exercice, plus loin, comment le corps peut nous aider, comme si souvent, à dépasser un blocage psycho-émotionnel.
D’accord, donc faut dire « oui » à tout, c’est ça ?
Soyons raisonnables, il n’est pas question de dire « oui » à tout (c’est fou ce que vous pouvez être radicaux !!!!, calmez-vous !) mais plutôt tenter, au travers d’un regard réactualisé et d’un zest de créativité, envisager d’être libre et en paix avec ce qui se présente.
Qu’il s’agisse de prendre position à l’égard d’une idée, d’un concept ou simplement de ce qui est, comme par exemple un évènement qui apparaitrait dans notre vie, l’idée serait de prendre le temps, si possible et avant de se positionner, comme « toujours », d’observer puis de localiser le point de départ de ce positionnement.
Pourquoi ? Non c’est non et oui c’est oui ! Et puis c’est tout !
Oui et non (carrément les deux à la fois maintenant !). Vous est-il déjà arrivé de regretter un oui ou un non hâtif ? Vous savez, lorsque finalement on se dit : « Ah, si j’avais su… ».
Bah oui, on m’a proposé de me déposer à la gare et j’ai dit « non », un peu pour montrer que je me débrouillerais très bien seul et là….« Oh nooooooon, il pleut !!!! » (CQFD).
La plupart du temps, lorsque c’est arrivé, notre positionnement provenait surement de cette part du mental qui croit être séparée de tout faisant, pour l’occasion, plaisir à l’égo. Ce « oui » ou ce « non » ont peu de chance de correspondre fidèlement à nos aspirations profondes et, plus globalement, à qui nous sommes « sous les masques ».
Peut-être bien que oui, peut-être bien que non !
On ne peut pas toujours faire cette réponse de Normand, ni entrer en contemplation méditative systématiquement au sujet d’une soirée raclette, samedi en 8, que nous proposent ces voisins qui, sous prétexte d’être les parents du meilleur copain de notre enfant, pensent qu’une amitié fromagère intense peut naître entre nous. En vrai, il y a des « non » que nous pouvons bien sûr considérés comme étant « positifs », dans le sens qu’ils peuvent exprimer clairement un positionnement fonctionnel ou carrément vital comme par exemple :
« Non, je peux te dire, par expérience, que faire comme cela est plus efficace. »
ou
« Non merci, je suis allergique au fromage à raclette »
ou encore
« Non, je ne veux pas boire ce grand verre d’eau de javel, je n’aime pas ça et ça pique trop… »
Ces « non », ne s’attachant pas férocement aux désirs qu’a le mental de soutenir son existence si précieuse et n’ont quasiment pas de répercussions sur le corps, je veux dire, sous une forme émotionnelle.
Conclusion
Entre les oui et les non qui ne serviraient qu’à permettre à l’égo de s’affirmer d’avantage et ceux qui expriment un positionnement fonctionnel, nous pourrions, dans un premier temps si possible, observer ce qui serait dit de nous ici et la manière dont cela s’exprimerait dans le corps. C’est une invitation au relâchement et à la création d’un espace propice à l’émergence d’un regard réactualisé et potentiellement constructif.
Pour finir, sachons qu’il y a des « non » qui sont en fait de grands « oui » à Soi, comme une réponse directe à ce que le mental tenterait de nous faire croire que nous serions.
Peut-être qu’au-delà d’un « oui » ou d’un « non », se contenter d’être ce qui est, ce au sein de quoi apparaissent puis disparaissent les phénomènes serait l’invitation ultime à la liberté d’être…
Proposition méditative
Ce petit exercice peut être expérimenté lorsqu’un « non » crée une tension psycho-émotionnelle et que nous avons la possibilité de nous poser pour REGARDER cela. Je rappelle que souvent, le « non » a ses raisons d’être et que l’accueil de ce qui est sera toujours plus constructif que la résistance voire la culpabilité qui apparaîtraient peut-être.
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Fermons les yeux et observons, sans jugements ni attachements, les pensées, les perceptions, les sensations…
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Lorsque nous aurons regardé tout cela, orientons notre attention vers le corps qui respire, les mouvements de l’inspire et ceux de l’expire. Laissons le corps faire.
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Prenons le temps de nous installer dans ces mouvements, laissons-les s’apaiser d’eux-mêmes.
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Regardons, avec bienveillance et indulgence, à présent de plus près, le « non » qui aurait créé une tension psycho-émotionnelle, les pensées associées et les manifestations produites dans le corps.
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C’est comment ? Tendu ? Agité ? Chaud ou froid ? Sourd ou aigu ?
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Déposons-nous en cela sans s’identifier, nous ne sommes pas tous ces phénomènes, ils ne font qu’apparaître puis disparaître.
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Demeurons en cet endroit de nous-même qui observe les pensées, les sensations et tous les phénomènes qui vont et viennent.
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Dans cet espace créé entre ce qui observe (la présence ou la conscience, comme vous voulez), ce « non » et ce qu’il produit ici, laissons-nous nous détendre, nous relâcher doucement.
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Laissons le corps respirer tranquillement et peut-être, dans ce relâchement ressenti, révélons comme un « oui » à ce qui est.
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Les pensées, les sensations et le regard sont-ils les mêmes ?
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Notons ce qui se serait transformé puis au juste moment pour nous, avant de rouvrir les yeux, remettons doucement le corps en mouvement.
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Rouvrons les yeux en restant, si possible en cet endroit nous-même, portant sur ce qui est (à savoir nous) un regard nouveau
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Voilà pour l'inspiration et les perspectives que je partage aujourd'hui.
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Merci d'avoir pris le temps de me lire ❤❤❤
A très bientôt.