Les croyances.
16/02/2025

Selon Pascal Engel, philosophe pour Larousse.fr, « On appelle « croyance », l’attitude psychologique qui conduit à donner son assentiment à un contenu de représentation dont le sujet n’est pas objectivement certain ».
Soyons clairs, « donner son assentiment » c’est être d’accord et on peut surement dire qu’à ce propos, tout le monde l’est.
Mais pourquoi donnerions-nous notre accord d’opinion à « un contenu de représentation dont le sujet n’est pas objectivement certain »…oui pourquoi ?
Saint Thomas, proche disciple de Jésus, se posait déjà la question lorsqu’il s’agissait d’être d’accord ou non à propos de la résurrection du patron et il paraît même qu’il dû y mettre le doigt (dans la marque des clous et pas dans l’œil…), pour s’en convaincre.
Un remède contre la peur ?
Oui et non.
Croire est le moyen illusoire qu’a trouvé le mental de se relier à la connaissance lorsque l’expérience directe n’a pas été possible. En effet, ce qui n’est pas « connu » est assez systématiquement, en tous cas dans un premier temps, perçu comme potentiellement dangereux par le mental. C’est naturel, viscéral et au final, une question de survie ! Quitte à se tromper, il préfère créer une histoire ou croyance, faites toutes deux de pensées, avec du « connu » dedans, plutôt que de rester dans le doute, l’inconnu et la peur.
En revanche, lorsque l’expérience a réellement eu lieu, a été vécue et de fait rendue à priori objective, connue, il n’y a plus croyance mais connaissance et, si besoin, passage à l’action.
Pourtant, et c’est si souvent le cas, certaines croyances pourraient, au lieu de nous rassurer, nous faire bien peur, à croire que nous aimons bien ça… J’ai pour exemple les croyances qui seraient populaires comme celle du grand méchant loup, religieuses avec les démons voire familiales et tonton Marcel avec ce qu’il aurait été capable de faire aux enfants pas sages.
Un support identitaire.
Nous l’avons vu dans le texte de la semaine dernière, notre identité, dans le sens de la perception intime de qui nous pensons être, est largement influencée par la relation que nous entretenons avec les autres et le monde. Nos environnements familiaux et sociaux, d’autant plus s’ils ont autorité sur nous, jouent un rôle important sur la création de l’image que nous avons de nous-mêmes. C’est alors, qu’afin de garder notre place au chaud dans le « clan », nous serions tout à fait prêts et prêtes à croire aux étiquettes qui viendraient se coller sur notre lisse et néanmoins joli front. C’est ainsi que j’ai fini par croire que j’étais et serais toujours nul en maths et que je n’étais pas capable de finir ce que j’avais à faire correctement (cf texte précèdent).
« L’imitation » de nous-mêmes.
Nous entendons souvent, dans le monde du développement personnel, parlé de croyances limitantes (et pourquoi pas « imitantantes » voire « militantes »…je sais…je peux être lourdingue…).
« Je ne suis pas capable de faire cela » ; « ça n’est pas pour moi » ; « c’est trop dur, je n’y arriverai pas » sont quelques-unes des croyances limitantes qui nous sont peut-être déjà passées par la tête. Ses pensées, car elles ne sont que pensées, ont tendance à nous freiner, nous limiter dans notre vie.
Croire que nous serions comme ceci ou comme cela fonctionne évidemment aussi avec des croyances plus « confortables » mais, ces dernières, comme les autres, révèlent-elles véritablement qui nous sommes ? Pas sûr car, rappelons-nous que ces pensées, qu’elles proviennent des représentations que les autres se feraient de nous, quand bien mêmes deviendraient-elles croyances, ne sont que pures créations mentales…et oui.
Croyance et foi, même combat ?
En fait pas du tout.
Si la croyance est quelque chose que je tiendrais pour vrai, sous la forme de pensées, la foi implique une confiance inébranlable malgré la survenue du doute. La foi est ressentie jusque dans le corps. Croire en la vie, avec notamment la notion d’espoir, peut être d’un soutien non négligeable mais avoir foi en « ce qui est » va au-delà de la pensée et s’inscrit en l’Être tout entier.
Être en paix avec nos croyances.
Libre à nous de bien vouloir croire à ce que nous voulons, ce qui nous fait du bien et participerait à notre réalisation. Cela dit, lorsque cela nous est possible, il est toujours bon de s’arrêter un instant puis d’observer ce qui serait plus de l’ordre de la croyance que de ce qui est véritablement. Pas besoin d’entrer dans une profonde méditation pour regarder, avec un peu de recul, comment telles ou telles croyances conditionneraient notre existence. L’expérience, rendant connu ce qui est, sera toujours plus enrichissante qu’une croyance contribuant à nourrir l’illusion d’être. C’est donc ici une invitation à soumettre certaines de nos croyances à l’expérience réactualisée d’une vie vécue dans la fraicheur de ce qui est.